Nous voulons une société inclusive !

Le handicap ne concerne pas une minorité mais, comme le racisme, est l’affaire de toutes et tous. Voici des années qu’on dit que ça n’avance pas, que rien ne change ou si lentement. Une seule solution : un nouveau projet de société, une société inclusive ou chacun aurait sa place. L’accessibilité doit figurer parmi les principes de la Nation au même titre que «Liberté, égalité, fraternité», qu’elle conditionne. Lorsque les signatures seront assez nombreuses, le texte sera transmis à tous les parlementaires.

Nous appelons à repenser le handicap pour renverser définitivement les préjugés qui relèguent, aujourd’hui encore, des millions de femmes et d’hommes à une «sous-citoyenneté ». 

Le handicap nous concerne tous. Au même titre que le racisme ou l’homophobie, il n’est pas le problème d’une minorité. Une mauvaise interprétation tend à le confondre avec l’état de santé ou la singularité des corps. Il faut donc le rappeler : le handicap désigne les obstacles qui empêchent certains individus de participer à la vie sociale.

Une modification de la sémantique est d’abord nécessaire. Les dictionnaires français font apparaître le terme « infériorité » dans leur définition du handicap.

Dans le même sens, il faut prendre conscience du caractère disqualifiant du lexique qui enferme les personnes concernées dans la honte. Dirait-on de Beethoven qu’il était déficient ? De Sarah Bernhardt qu’elle était invalide, et de Ray Charles qu’il était incapable à 80%, qualification donnée par l’administration à toute personne aveugle ? Ces termes interdisent tout cheminement vers l’égalité. Les appellations « débile mental » ou « incapable majeur » ont été respectivement supprimées par les lois de 1987 et 2007. En 2020, réfléchir avec les mots exacts amènera une pensée juste.

Nous voulons poursuivre la modernisation du langage relatif au handicap et pour cela que soit créée une commission, groupe de travail réunissant notamment linguistes, juristes, élus et personnes concernées.

Le handicap interroge l’organisation sociale. La loi le définit comme une situation où l’individu se heurte à un environnement non adapté à ses variations corporelles ou cognitives. Le principe d’une République démocratique est d’accueillir tous ses citoyens sans en exclure aucun. Or, force est de constater que nos institutions, leurs services et l’ensemble de l’espace commun ont été pensés pour un individu standard, modèle purement imaginaire, exempt de toute fragilité. Cet être de référence est physiquement, psychiquement, émotionnellement adapté à tous les contextes. Il est parfaitement mobile, réceptif à tous les niveaux de langage et il trouve toujours en lui les ressources pour conserver son équilibre.
Il est urgent de concevoir l’espace public pour tous. Un cadre inclusif permet un meilleur confort collectif et des relations plus harmonieuses. On préfère une rue laissant la place à une personne se déplaçant avec une poussette, un chariot, une valise ou un fauteuil roulant plutôt qu’un passage où chacun se bouscule et se gêne.
L’accessibilité ne doit pas être subie comme une contrainte posée par la loi en faveur d’une minorité, mais comme une des règles fondatrices de cohésion sociale.

Nous voulons former tous les secteurs et tous les professionnels à l’accessibilité parce qu’elle conditionne la liberté, l’égalité et la fraternité.

Dans ce projet d’accessibilité universelle, la charité ou la bienveillance ne sont plus les seules solutions proposées aux difficultés d’accessibilité. La compensation doit s’appuyer sur le droit. Il ne peut plus être question que l’égalité relève de la bonté ou d’un heureux hasard de circonstances. Refuser l’accès en raison du handicap constitue une discrimination, un délit qui ne peut pas être toléré. 12 millions de personnes reconnues en situation de handicap en France, ce sont 12 millions de citoyens qui sont en droit de faire valoir leurs droits.

Nous voulons que soit appliquée sans délai la législation sur l’accessibilité.

L'inclusion est l'action politique qui consiste à construire une société où chacun trouve sa place. Il s’agit aujourd’hui de renverser les constructions sociales qui disqualifient des êtres présentés comme moins compétents, moins capables, moins performants. Le jour où les personnes en situation de handicap seront ministres, éditorialistes, à la tête d’entreprises du CAC 40, leur présence sera enfin normale. Elles ouvriront ainsi la porte à toutes les autres.

Nous voulons que soient rendues visibles les millions de personnes en situation de handicap. 

Un changement de regard inscrira l’inclusion comme le projet évident d'une société plus juste.

 

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