L'équipe de Droit Pluriel se forme aux violences faites aux femmes

Les violences conjugales sont devenus un sujet d’actualité permanente ces dernières années dans la sphère publique. Pourtant, en France, depuis le 1er janvier 2019, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou son ex-compagnon, et non plus tous les trois trois jours comme c’était le cas l’année d’avant [1]. Malgré les 530 millions d’euros alloués [2] à l’égalité femmes-hommes, le nombre de victimes augmente. Selon une enquête publiée en 2016 par l'Institut national d'études démographiques (INED) et intitulée "Violences et rapports de genre" (Virage) [3], environ 600 000 femmes seraient victimes de violences sexuelles chaque année et seules 10 % d’entre-elles portent plainte, résultant que seulement 3 % des viols débouchent sur un procès en cour d’assises.

Les blessures physiques ne doivent pas faire oublier les lourdes conséquences psycho traumatiques de ces crimes et délits, qui peuvent durer des mois et des années. L’équipe de Droit Pluriel a assisté aux deux jours de formation « prise en charge des violences faites aux femmes » organisée par la Maison des Femmes de Saint-Denis. Cette formation, ouverte à tous, entre dans le détail des multiples formes de violences faites aux femmes : viols, mutilations génitales, inceste, tout en insistant sur les conséquences psychologiques de celles-ci. Les victimes de ces actes sont trois plus nombreuses à avoir des soucis de santé par la suite, et 50% d’entre-elles souffrent de dépression ou de maladie chronique.

En effet, le stress engendré produit des dysfonctionnements d’ordre neurobiologique importants. Ces traumatismes seront perçus comme des handicaps, stigmatisant les femmes victimes de violences, et donnant lieu à de nouvelles violences. De plus, ces altérations psychologiques sont si puissantes qu’elles sont transgénérationnelles.

Le Conseil français des personnes handicapées pour les questions européennes a établi que 80% des femmes handicapées seraient victimes de violences. La dépendance des personnes concernées renforce les violences ou peut-être à l’origine d’actes spécifiques de violences, notamment psychologiques sur la victime, en situation de vulnérabilité par rapport à son handicap. Lutter contre les violences faites aux femmes, consiste ne l’oublions pas, à lutter pour toutes les femmes, y compris celles concernées par le handicap.

 

[1] « Ces chiffres sont le fruit d'un recensement rigoureux mené par un groupe de bénévoles qui souhaite faire exister la mémoire de ces femmes sous ce slogan "Ne les oublions pas" ». France Info TV

[2] Au moment de l’annonce d’un «Grenelle des violences conjugales», la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, déclarait au micro de France Inter le 8 juillet dernier : «Il n’y a jamais eu autant de moyens. Il y a 530 millions sur l’année 2019, c’est un record historique en termes de budget pour l’égalité entre les femmes et les hommes.»

[3] Brown, Elizabeth, et al. "L’enquête VIRAGE (VIolences et RApports de GEnre)." Cahiers du Genre 1 (2019): 37-50.

arton7110Maison des femmes de Saint Denis
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